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AL CAPONE
Capone Prend la Tête


«Big Bill» Thompson et William «Decent» Devers
(Société historique)

Tout demeura relativement calme entre les nombreux gangs qui ont mis sur pied le système d'escrocqueries à Chicago, et ce pendant les années qui suivirent l'arrivée de Capone. Le vent tourna lorsque William E. Dever succéda au maire corrompu «Big Bill» Thompson avec en tête de réformer l'administration municipale. Sous sa direction, il devint de plus en plus compliqué de distribuer des pots-de-vin et ainsi compter sur la protection que ces derniers apportaient. Torrio et Capone décidèrent donc de déménager le gros de leurs opérations dans la banlieue de Cicero, où l'administration et la force policière pouvaient être achetées.

Peu après l'ouverture d'une maison close à Cicero, Torrio ramena sa mère en Italie, laissant à Capone les rênes de l'entreprise à Cicero. Ce dernier donna des indications claires à l'effet qu'il voulait conquérir l'ensemble de la ville. Pour ce faire, il plaça son frère Frank (Salvatore), alors un jeune homme de 29 ans beau et respectable, en charge des communications avec les autorités. Frank devait, comme première tâche, ouvrir un bordel destiné à la classe ouvrière de la ville, le Stockade. Al concentra ses efforts sur les paris et s'intéressa de près à une maison de paris récemment ouverte, appelé le Ship. Il prit aussi le contrôle des piste de courses Hawthorne.

La conquête de la Ville par Capone se fit majoritairement sans opposition, si ce n'est de Robert St-John, un jeune et fougueux journaliste au Cicero Tribune. Chaque parution dévoilait un des racquets opéré par Capone et les éditoriaux eurent assez d'effet pour faire peur aux candidats financés par Capone en vue de l'élection primaire de 1924.

Le jour de l'élection, les choses se dégradèrent lorsque les hommes de Capone kidnappèrent les employés électoraux des opposants et menacèrent de violence les électeurs. Pour parer à cette violence, le chef de police de Chicago rassembla 79 policiers équipés de fusils de chasse. Les policiers, habillés en civils, se dirigèrent vers Cicero à bord de voitures fantômes soit disant pour protéger les travailleurs de l'usine Western Electric.

Frank Capone, abattu par la police
(Anthony Berardi)

Frank Capone venait de terminer les négociations pour une location lorsque le convoi de policiers le croisa. Il fut reconnu et les policiers se ruèrent sur lui. En quelques secondes, le corps de Frank fut criblé de balles. La police classa l'affaire comme légitime défense puisque Frank avait sorti son révolver à la vue des policiers armés venant vers lui.

Al répondit en faisant escalader la violence d'un cran : il kidnappa des officiels et vola des boîtes de scrutin ; un officiel fut tué. Lorsque tout fut terminé, Capone avait gagné l'élection mais le prix de cette victoire allait le hanter toute sa vie durant.

Les funérailles de Frank Capone furent un modèle d'opulence. Les fleurs à elles seules, fournies par un autre escroc, le fleuriste Dion O'Banion, avaient couté 20 000 dollars. Bien que somptueuses, les funérailles de Frank furent différentes de celles de Big Jim Colosimo. Selon Bergreen, le parfum des fleurs, quoiqu'appaisant, ne réussissait pas à améliorer l'ambiance générale. L'ambiance festive des funérailles de Colosimo faisait défaut, un peu à cause de la jeunesse de Frank qui rendait l'événement tragique : les plaintes étouffées remplaçaient les chants. Collins, le chef de police de Chicago, avait dépêché des policiers en observateurs, ceux-là même qui avait abattu Frank Capone. Al Capone s'est retenu de déclarer la guerre au département de police.

La retenue de Capone dura presque cinq semaines, jusqu'à ce que Joe Howard, un petit gangster, s'en prit à Guzik lorsque celui-ci lui refusa un prêt. L'affaire parvint à Capone et celui-ci traqua Howard dans un bar. Howard fit l'erreur d'insulter Capone qui l'assassina.

William McSwiggin, maître des condamnations
(A. Berardi)

William H. McSwiggin, avocat réputé pour obtenir des condamnations, jeta son dévolu sur Capone sans toutefois réussir à le faire condamner puisque les témoins avaient la mémoire défaillante. Capone s'en tira mais la publicité entourant la cause lui apporta une notoriété qu'il n'avait encore jamais eue. Il s'était détaché du modèle de discrétion de Torrio à jamais.

À l'âge de 25 ans, quatre ans seulement après son arrivée à Chicago, Capone était devenu l'homme à abattre. Riche, puissant et maître de la ville de Cicero, il était la cible des hommes de loi et des gangsters. Capone était conscient que les prochaines grandes funérailles auxquelles il assisterait pourraient très bien être les siennes. La paix fragile entre les gangs que Torrio avait bâti avait disparu avec la prohibition. Les meurtres entre gangsters étaient devenus une épidémie.

Dion O'Banion
(UPI)

Bien que le nom de Capone soit souvent lié à ces meurtres, le fait est que plusieurs autres gangsters que Torrio et Capone tentaient de tenir tranquilles en étaient responsables. Un bon exemple est Dion O'Banion, fleuriste et contrebandier d'alcool. Schoenberg le décrit comme un homme possédant l'amabilité perpétuelle d'un jeune garçon. Dion ne passait jamais pour un dur. Son habitude de qualifier même ses enemis des «bon gars» démontrait une courtoisie et une mentalité de bon vivant bien ancrées. Il était toujours souriant, sourire que seuls trahissaient des yeux d'un bleu glacial. Distribuant sans se fatiguer poignées de main et tapes dans le dos, il faisait attention de toujours se garder une main libre prête en tout temps à se rendre dans une des trois poches à révolvers cousues à même ses vêtements.

O'Banion était reconnu pour ses comportements bizarres comme abattre un homme au milieu d'une foule pour la moindre des raisons puis d'assassiner un homme après l'avoir rencontré à l'intérieur du Four Deuces, entraînant par le fait même Capone inutilement dans une enquête pour meurtre. Il devenait évident qu'il allait falloir faire quelque chose pour contrer le comportement impulsif, irresponsable et enfantin de Dion O'Banion.

Angelo Genna
(Goddard)

Le plus gros problème était l'antipathie entre les alliés de Capone et Torrio : Dion et les frères Genna, amis proches de Torrio. La chicane débuta lorsque les frères Genna commencèrent à vendre de l'alcool tord-boyau aux clients de O'Banion. Bien que ses revenus provenant de la vente de bière n'en furent pas affectés, il s'agissait d'une question de principes pour lui. Il riposta en détournant un plein camion d'alcool des frères Genna ; Torrio se demandait comment il allait préserver la paix.

O'Banion offrit une porte de sortie à Torrio : il allait partir au Colorado si Torrio reprenait ses parts dans la brasserie Sieben. Sachant fort bien qu'une descente allait y avoir lieu, O'Banion se dépêcha de conclure l'entente. Non seulement Torrio se retrouva-t-il en prison mais O'Banion refusa de rembourser ce dernier pour une brasserie maintenant cadenassée. Mais plus grave encore, O'Banion se vanta d'avoir floué Torrio. Son sort était décidé.

Le magasin de fleurs de O'Banion
(Chicago Tribune)

Mike Merlo, tête dirigeante de l'Union sicilienne de Chicago (un groupe offrant une protection nationale aux gangsters de l'époque), fut emporté par le cancer. Des funérailles à sa mesure furent planifiées dans lesquelles Dion, le fleuriste attitré des gangsters, avait un grand rôle. Frankie Yale, à la tête de la puissante branche newyorkaise, Torrio et Capone s'entendirent sur le fait que Angelo Genna, que Dion venait d'humilier avec une dette de jeu, prendrait la relève à la tête de la branche de Chicago.

Deux jours après la mort de Merlo, le 10 novembre 1924, Dion préparait des fleurs pour les funérailles lorsque trois gangsters entrèrent dans son magasin. L'employé laissa les quatre hommes seuls. Attendant leur visite pour récupérer une couronne de fleurs, O'Banion les salua et tendit sa main. Un des hommes tira son bras et lui fit perdre l'équilibre.

Mike Genna
(Goddard)

L'employé entendit six coups de feu et accouru afin de porter secours à son patron qui gisait au milieu de son sang. Les trois hommes avaient disparu. Il semble certain que deux des trois hommes étaient les dangeureux assassins siciliens John Scalise et Albert Anselmi quiqu'il y ait confusion quant à l'identité du troisième : Frankie Yale, en ville pour assister aux funérailles de Merlo ou Mike Genna. Aucun des présumés assassins furent accusés.

Les funérailles de Dion O'Banion furent prodigieuses. Le Chicago Tribune apprécia chaque détail criard : des poteaux en argent magnifiquement sculptés se retrouvent au quatre coins du cercueuil ; celui-ci est un modeste cercueuil de couleur argent, orné d'anges prostrés, tenant 10 chandelles allumées dans leurs mains, aux pieds et à la tête du cercueuil. Sans oublier le parfum des fleurs...

Les funérailles grandioses de O'Banion
(Anthony Berardi)

Au parfum des fleurs se mêlait les fragrances portées par les femmes, portant de la fourrure des pieds à la tête, descendant l'allée au bras de gentilhommes élégament vêtus de noir.

On estime à près de 10 000 personnes ont accompagné le cortège funèbre pendant que 5 000 attendaient au cimetière. Vingt-six autos et camions transportaient les fleurs, trois orchestres ainsi que l'escorte policière.

L'enterrement de Dion fut une célébration pour Torrio et Capone ; ils se retrouvaient à la tête d'un territoire de contrebande très lucratif en plus de s'être débarrassé d'un collègue pouvant s'avérer dangeureux. Ce qu'il n'ont pas apprécié, ce sont les répercussions de la mort de Dion et les conséquences pour eux-même. Alors que la police tentait d'élucider ce meurtre, l'ami de Dion O'Banion, «Hymie» Weiss, savait parfaitement qui en était responsable et avait juré de se venger.

«Hymie» Weiss
(Chicago Sun Times)

À partir de ce moment, les enemis de Capone et Torrio portaient le nom de «Hymie» Weiss et Bugs Moran, un autre associé de Dion. Le véritable nom de Weiss était Earl Wajciechowski ; le surnom de Hymie lui est venu par hasard et le faisait passer pour un gangster juif alors qu'il était un catholique très pratiquant. Quant à Georges Moran, c'était un homme aussi instable que violent qui acquit le surnom de Bugs parce que tous le croyait fou («buggy»).

Torrio craignait tant pour sa vie qu'il décida de quitter Chicago pour un temps. Il mit le cap sur Hot Springs, en Arkansas. Capone était aussi effrayé si bien qu'il prit tous les moyens possibles et imaginables afin d'assurer sa sécurité, ce qui n'empêcha pas les anciens collègues de Dion O'Banion d'attenter une douzaine de fois à sa vie.

Bugs Moran
(Chicago Sun Times)

Bergreen décrit l'effet des menaces sur la façon de faire de Capone. Bien que ce dernier ne soit pas armé du fait de son statut, il ne se déplaçait qu'accompagné de deux gardes du corps, un de chaque côté. À l'exception de sa demeure sur South Prairie Avenue, il n'était jamais seul. Il ne voyageait qu'en voiture, entre deux gardes du corps et conduit par un chauffeur de confiance armé nommé Sylvester Barton. Il préférait voyager à la faveur de la nuit, ne voyageant le jour que lorsque c'était absolument nécessaire.

En janvier 1925, 12 jours après la dernière tentative de meurtre contre Capone par le duo Weiss-Moran, Johnny Torrio revint à Chicago. Lui et sa femme venaient à peine de revenir de faire des courses et se rendaient à la porte de leur bloc appartement.

Torrio se trouvait derrière sa femme et portait les sacs. Weiss et Bugs Moran surgirent alors d'une voiture et, pensant que Torrio se trouvait encore dans la sienne, tirèrent furieusement vers la voiture, blessant le chauffeur. Lorsque finalement ils apperçurent Torrio, il l'atteignirent à la poitrine et au cou, puis au bras droit et à l'aine. Moran pointa son arme sur la temple de Torrio et appuya sur la gachette ; n'ayant plus de balles, le pauvre Johnny Torrio n'entendit qu'un faible clic.

À l'hôpital, Capone prit les affaires en main alors que les chirurgiens retiraient les balles du corps de Torrio. La sécurité défaillante des hôpitaux rendant l'endroit dangeureux pour un gangster, Capone se chargea lui-même de la sécurité, dormant même sur un lit de fortune dans la chambre de Torrio afin de s'assurer que son mentor était bien protégé.

Torrio, suite à la tentative de meurtre
(A. Berardi)

Quatre semaines plus tard, Torrio surpris tout le monde en apparaissant en cour afin de répondre aux accusations concernant la descente à la Sieben Brewery. Frêle et secoué, il plaida coupable et fut condamné à neuf mois de prison. Ça aurait pu être pire ; il se lia d'amitié avec le shérif et celui-ci s'assura qu'aucune tentative de meurtre ne se produise durant son incarcération. Torrio fut traité comme un gentleman privilégié.

Les choses allaient cependant changer pour Torrio. Il ne voulait plus de la vie de gangster, préférant prendre sa retraite et vivre une vie tranquille grâce aux revenus substanciels qu'il générait. Il fit venir Al à la prison de Waukegan en mars 1925 et lui annonça qu'il quittait Chicago et partait vivre à l'étranger. Torrio léguait à Capone ainsi qu'aux frères Capone toutes ses possessions. C'était un leg de grande envergure : boîtes de nuit, maisons closes, maisons de paris, brasseries et bars clandestins. Le pouvoir de Capone venait de s'étendre immensément.


  CHAPTERS
1. "Made In America"

2. Enfance

3. L'Apprenti

4. Scarface

5. Chicago

6. Capone Prend la Tête

7. Le Pouvoir

8. Le Massacre de la St-Valentin

9. Ennemi Public #1

10. "Two Gun" Hart

11. Conclusion

12. Bibliographie

13. À Propos de l’Auteur
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COURT TV SHOWS
Murder by the Book
The Investigators
Forensic Files



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