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AL CAPONE
Ennemi Public #1


George E. Q. Johnson
(Bergreen)

Même si Capone ne le réalisait pas, la publicité entourant le massacre de la St-Valentin, peu importe sa tendance, catalisa les forces gouvernementales contre lui. Après seulement quelques jours à la présidence, Hoover mis de la pression sur Andrew Mellon, le secrétaire du Trésor, pour faire avancer la bataille du gouvernement contre Capone.

Mellon adopta une approche sur deux fronts : rassembler assez de preuves afin de prouver l'évasion fiscale et amasser des preuves afin de l'accuser de violation de la Prohibition. Une fois les preuves rassemblées, les agents de la trésorerie devaient s'allier au procureur général, Georges E. Q. Johnson, afin d'engager des poursuites contre Capone et les membres clés de son organisation.

Carte d'identité d'agent fédéral d'Eliot Ness

L'homme qui avait la responsabilité de rassembler les preuves concernant les violations envers la Prohibition, soit la contrebande, était Eliot Ness ; il débuta en rassemblant un groupe de jeunes agents fringants tout comme lui. Le plus actif était sans contredit Elmer Irey, de la brigade spéciale du fisc, qui redoubla ses efforts à la suite du mandat de Hoover. Puisque qu'il était douteux que l'on puisse accuser et faire déclarer coupable Capone des accusations concernant la Prohibition à Chicago peu importe le poids des preuves amassées, Mellon se concentra sur les accusations d'évasion fiscale, où une condamnation était plus sûre grâce à la décision Sullivan.

Capone n'avait pas connaissance, initialement du moins, des forces qui se montaient contre lui et ne laissait pas les agents fédéraux le déranger. Au milieu du mois de mai 1929, Capone se rendit à une conférence à Atlantic City où les gangsters de toutes sortes venant de partout au pays se rencontrèrent afin de discuter de coopération pour remplacer la destruction.

Afin de garder la violence et la rivalité à un minimum, ils divisèrent le pays en «sphères d'influence». Torrio fut nommé à la tête d'un comité exécutif qui allait arbitrer les disputes et punir les traîtres. Les participants décidèrent que Capone devrait laisser son empire de Chicago à Torrio afin que ce dernier le divise selon ses propres termes. Capone n'avait aucune envie de céder son empire à Johnny Torrio ou de le diviser.

Après la conférence, Capone se rendit voir un film à Philadelphie. Lorsque le film fut terminé, deux détectives l'attendaient. En moins de 24 heures, Capone était arrêté et emprisonné pour avoir camouflé une arme sur lui.

Capone retira sa bague de diamant et la remit à son avocat afin qu'il la remette à son frère Ralph. Il fut envoyé en premier à la prison du comté de Holmesburg puis au pénitentier de l'Est où il resta jusqu'au 16 mars 1930. Ralph, Jack Guzik et Frank Nitti «The Enforcer» furent chargés de l'entreprise durant ce temps.

Ralph Capone
(Société historique de Chicago)

Un deuxième coup porté à l'empire de Capone fut l'arrestation de Ralph pour évasion fiscale au mois d'octobre de la même année. Voulant donner un exemple aux autres gangsters, les agents fédéraux arrêtèrent Ralph lors d'un match de boxe et l'amenèrent menotté. Cette arrestation culminait la persistance d'Elmer Irey, qui investiguait Ralph depuis quelques années. Ce dernier était bien moins habile que son frère lorsque venait le temps de cacher ses richesses et ses transactions. Sa négligence, sa cupidité et sa stupidité en faisait une cible de choix pour un agent du Trésor ambitieux comme Eliot Ness, qui avait mis ses lignes téléphoniques sur écoute, et pour Nels Tessem, un agent du fisc bourré de talents qui avait passé au peigne fin toutes les transactions faites par Ralph. Nitti et Guzik durent aussi passer devant la cours de taxation en raison de cette enquête déterminée et exhaustive.

Frank «The Enforcer» Nitti
(Société historique de Chicago)

Al croupissait en prison et Ralph, Guzik et Nitti dirigeait l'empire ; le moment était idéal pour Ness pour rassembler assez de preuves afin de convaicre un grand jury que Capone violait la loi sur la Prohibition en plus d'omettre de payer ses taxes. Ness demanda à ses hommes de mettre sur écoute continuellement les lignes téléphoniques de Ralph. Tout ce que Ness avait amassé lui permit d'enfoncer la porte d'entrée de la brasserie de South Wabash, propriété d'Al Capone. Enhardi par ses méthodes d'homme de loi d'une autre époque, Ness et ses «intouchables» continuèrent à mettre sur écoute et à fermer les brasseries du goupe.

À la mi-mars 1930, Capone fut libéré de prison pour bonne conduite. Une semaine plus tard, Frank J. Loesch, de la Commission sur le crime de Chicago, mis sur pied une liste d'ennemis publics : à la tête de cette liste figurait Alphonse Capone, Ralph Capone, Frank Rio, Jack McGurn et Jack Guzik, tous des collègues de Capone. La liste fut diffusée dans les journaux et fut surnommée par J. Edgar Hoover comme étant la liste des criminels les plus recherchés du FBI. Al Capone, qui voulait tellement être considéré comme un membre influent de la communauté, était maintenant l'«ennemi public numéro 1». Il était enragé, humilié et grandement insulté.

Durant le même mois, Elmer Irey se rendit à Chicago pour rencontrer l'agent Arthur P. Madden et de planifier leur stratégie. Il devenait clair pour eux que, pour réussir à court terme, ils leur fallait infiltrer l'organisation de Capone. Avant de retourner à Washington, Irey passa deux jours dans le lobby du Lexington Hotel, se faisant passer pour un vendeur. Dès qu'il eut une meilleure idée du type de gens qui gravitaient autour de Capone, il décida de trouver deux agents doubles qui pourraient, en se faisant passer pour des gangsters, infiltrer l'organisation de Capone.

De g. à d. : Elmer L. Irey, George E. Q. Johnson, Frank J. Wilson et Arthur P. Madden

«Le choix évident était Michael J. Malone. C'était un bon acteur, ayant de la facilité à se mêler aux autres. Il avait des nerfs d'acier et une intelligence aiguisée. Son teint foncé, presque méditérannéen et sa connaissance de l'italien faisait de lui le candidat idéal pour infiltrer l'empire à majorité italienne de Capone.» (Ludwig, Smith) Un autre agent double fut choisi comme partenaire dans cette entreprise risquée.

Malone allait porter le nom De Angelo et l'autre agent, celui de Graziano. La création de leur nouvelle identité de petits escrocs de Brooklyn fut l'objet d'efforts constants. Leur vie en dépendait puisque la bande de Capone ne manquerait pas de passer au peigne fin chaque détail de leur identité. La réussite de l'infiltration tenait à l'apprentissage du rôle de chacun.

Un intermédiaire devait être trouvé puisque ni Graziano ni De Angelo ne pouvait être vu en train de converser avec Irey ou Madden. Frank J. Wilson, 43 ans, fut désigné. Il allait être intermédiaire tout en s'occupant de la coordination de l'opération et d'une partie de l'investigation.

En juin 1930, Wilson reçu l'approbation de la part de l'éditeur eccentrique du Chicago Tribune pour questionner un de leurs journalistes. Jake Lingle était un ami d'Al Capone et se vantait de la relation. Selon Bergreen, Lingle voulait plus que la connection profitable qu'il avait avec le groupe. «Son influence lui faisait croire qu'il était invulnérable alors qu'en vérité, c'était tout le contraire. Agir comme agent double ou agent triple était trop palpitant pour résister à une telle offre. Non satisfait du rôle qu'il jouait déjà, il accepta pour servir d'informateur pour le gouvernement fédéral.»

L'assermentation de Lingle était prévue pour le 10 juin ; la veille, il fut assassiné d'une balle derrière la tête.

Le tollé fut sans précédent. Capone le suivi de sa maison de Miami Beach. Lorsque questionné au sujet de Lingle, Capone répondait que les journaux et les journalistes devraient s'occuper de combattre le crime plutôt que de l'encourager. Il rajoutait que ce n'était pas à lui de mentionner cela mais que c'est ce qu'il croyait.

Pendant ce temps, Mike «De Angelo» s'installa au Lexington Hotel, revêti des habits luxueux et occupa son temps à lire les journaux au bar. Éventuellement, les acolytes de Capone lui parlèrent et lui posèrent des questions sur ses antécédents.

«Nous voulons savoir la vérité sur vous», lui dit un des gangsters. «Vous avez l'air de quelqu'un en fuite qui pourrait être intéressé par une proposition. Le monde est petit puisque nous pourrions peut-être avoir une telle proposition pour vous.»

De Angelo joua le jeu. «En fait, je suis ouvert à une proposition, mais elle doit en valoir la peine. Si vous voulez toute l'histoire, je ne connais pas la raison de ma venue ici sauf pour l'occasion de rencontrer le Big Boy.»

Le gangster lui répondit qu'il devait faire quelques vérifications mais l'invita à rester encore quelques jours afin qu'il puisse lui donner une réponse. De Angelo espérait ne pas avoir fait de faux pas ou il serait un homme mort. Quelques jours plus tard, il fut invité à rencontrer les membres du groupe et Capone lui-même lors d'une grande fête. Pleinement au courant que Capone invitait à un repas les traîtres pour ensuite les battre à coups de bâton de baseball, De Angelo se rendit à l'endroit mentionné nerveusement. Heureusement, la minutie D'Irey lors de la confection de l'identité de son agent fut largement récompensée. De Angelo fut nommé croupier au sein d'une des maisons de jeu de Capone à Cicero.

Juste avant le procès de Ralph Capone, De Angelo découvrit que la bande de Capone allait s'occuper des témoins du gouvernement. Grâce au travail de son agent, Irey augmenta la protection des témoins. Le résultat fut un verdict de culpabilité pour l'accusé et aucun «accident» pour les témoins.

Quelques mois plus tard, Graziano rejoignit De Angelo et prit un emploi consistant à surveiller les livraisons de bière de Capone. Juste avant Noël, les deux agents découvrirent un complot contre Wilson et l'arrêtèrent juste à temps. Maintenant que Capone connaissait le rôle de Wilson, Irey voulut lui donner une autre assignation. Wilson refusa net. Cette atteinte à sa vie ne faisait que renforcer sa détermination quant à coincer Capone.

La vraie récompense des efforts des agents vint au cours d'une conversation entre Graziano et un des employés de Capone. «Les gars du fisc ne sont pas trop intelligents. Ils ont des preuves contre Al depuis cinq ans qui pourraient l'envoyer en prison mais ils sont trop idiots pour s'en appercevoir.»

La montagne d'informations recueillie lors d'un précédent raid au Hawthorne Hotel incluait un grand livre où étaient indiquées les opérations financières du Hawthorne Smoke Shop pour les années 1924-1926. Ce dont Irey avait maintenant besoin était l'identité des deux comptables ayant fait les entrées. L'écriture ne correspondait à aucun des hommes de Capone. Il y avait beaucoup de chance que Capone les ait fait éliminer lors de la saisie.

Graziano prit un risque énorme et demanda à son interlocuteur si on s'était «occupé» des comptables. Le gangster lui répondit que les deux hommes n'avaient pas été liquidés puisqu'ils n'étaient que deux drogués qui avaient quitté la ville lors de la saisie. Chose incroyable, le gangster lui donna alors le nom des deux hommes : Leslie Shumway et Fred Weiss.

La soupe populaire de Capone
(Société historique de Chicago)

Alors que 1930 tirait à sa fin, Capone débuta une vaste campagne de publicité. Il mit sur pied une soupe populaire destinée aux gens qui avaient perdu leur emploi à cause de la dépression. Pendant les deux derniers mois de l'année, la soupe populaire servi trois repas gratuits par jour. «La soupe populaire était calculée soigneusement afin de réhabiliter son image auprès de la population de travailleurs qui, avait-il réalisé, avait commencé à le voir comme un autre géant incroyablement riche.» (Bergreen)

Au début de 1931, les hommes d'Irey retrouvèrent Shumway à Miami, travaillant ironiquement aux pistes de course Hialeah, où Capone allait presque quotidiennement lorsqu'il était dans la ville. Frank Wilson se rendit à Miami afin de questionner Shumway et réussit à s'enfuir de la ville en compagnie du comptable une demie heure avant qu'une voiture remplie de gros bras n'arrive afin de s'occuper du délateur. Fred Reiss s'était caché à Peoria, Illinois. Les deux hommes acceptèrent de coopérer pleinement à l'enquête en échange de protection.

D'autre part, Eliot Ness connaissait un succès certain à retracer et cadenasser les brasseries de Capone. Lui et ses intouchables avaient en leur possession des preuves de violation de la loi sur la Prohibition qui allaient être utilisées si l'accusation d'évasion fiscale ne fonctionnait pas.

Ness désirait autant humilier Capone publiquement que l'envoyer en prison. Le meurtre d'un de ses amis fut le point de départ du plan pour embarrasser publiquement Capone. Les nombreuses saisies dans les brasseries et les magasins de liqueur avaient permis de ramasser quelques 45 camions, la plupart neufs. Afin d'entreposer la collection de camions destinés à la vente aux enchères, le gouvernement avait loué un lieux d'entreposage afin d'y garder les véhicules. Il fallait cependant y amener les camions saisis.

Ness eut l'idée de porter un coup à l'orgueuil de Capone, ce que personne n'avait encore tenté. Il fit polir les camions et s'organisa pour que des chauffeurs les conduisent. Lorsque tout fut au point, il fit son coup le plus audacieux. Il passa un coup de fil au Lexington Hotel, où Capone avait ses quartiers et réussit parler à Capone lui-même.

«Eh Snorkey», un surnom utilisé par les plus proches de Capone, «je voulais te dire que si tu regardes par la fenêtre donnant sur Michigan Avenue à 11h tappant, tu verras quelque chose qui devrait t'intéresser.»

«Qu'est-ce qu'il y a ?» demanda Capone, une curiosité évidente dans la voix.

«Regarde et tu verras» lui répondit Ness avant de raccrocher.

Le convoi passa devant le quartier général de Capone à 11h du matin. Avançant lentement, celui-ci passa devant un groupe de gangsters affiliés à Capone regroupés devant l'hôtel. Ness pouvait apercevoir la comotion sur le balcon de Capone.

C'était un grand jour pour Ness et son équipe. «Ce que nous avons réussi ce jour-là était d'enrager les criminels les plus sanglants de l'histoire. Nous avons mis sous leur nez la défiance des intouchables ; ils devaient savoir que nous étions préparés à nous battre jusqu'à la fin.»

Ness avait réussi à rendre Capone hors de lui. Tout de suite après la parade, Capone traversa sa suite, brisant tout sur son passage. Non seulement Ness avait-il réussi à enrager Capone mais il avait aussi pris une bouchée substancielle de l'entreprise criminelle. De l'équipement de brasserie valant plusieurs millions de dollars avaient été saisis et détruit, des milliers de litres de bière et d'alcool avaient été jetés en plus des plus importantes brasseries qui avaient été fermées.

La mise sur écoute des lieutenants de Capone révélèrent la gravité de la situation. La bande avait dû réduire ses pots-de-vin et ses paiements aux policiers. La bière devait être importée afin de fournir les bars clandestins qui auparavant se fournissaient chez Capone. Les choses s'agravèrent lorsqu'un raid ferma une opération gigantesque qui fournissait 20 000 gallons par jour.

La mission du gouvernement tirait à sa fin au début du printemps 1931. Devant l'ordonnance de limitation de six ans pour les premières preuves, le gouvernement se devait de porter des accusations sur les preuves dattant de 1924 avant le 15 mars 1931. Quelques jours avant cette date, le 13 mars, un grand jury fédéral fut réuni afin de vérifier l'accusation selon laquelle Capone devait 32 488,81$ en taxes pour l'année 1924. Le jury inculpa Capone, inculpation qui demeura secrète jusqu'à ce que l'enquête soit complète pour les années 1925 à 1929.

Le 5 juin, le grand jury se rencontra de nouveau et inculpa Capone de 22 chefs d'accusation d'évasion fiscale totalisant plus de 200 000$. Une semaine plus tard, une troisième inculpation fut votée concernant les preuves amassées par Ness et son équipe. Capone et 68 membres de sa bande furent accusés de près de 5000 violations du Volstead Act, certaines datant d'aussi loin que 1922. Les accusations d'évasion fiscale allaient cependant passer avant les accusations réliées à la Prohibition.

Capone risquait 34 ans de prison si le gouvernement gagnait sur toute la ligne. Les avocats de Capone présentèrent au procureur général Johnson une proposition. Capone allait plaider coupable en échange d'une sentence légère. Johnson, après en avoir discuté avec Irey et le nouveau secrétaire du Trésor Ogden Mills, accepta l'offre et s'engagea à recommander une sentence de deux à cinq ans.

Pourquoi le gouvernement, après tous ses efforts, accepta-t-il une sentence si légère ? Premièrement, malgré tous les efforts afin de cacher Shumway et Reiss, il était douteux que les deux hommes vivent assez longtemps pour témoigner. Capone avait mis leur tête à prix pour 50 000$ chacun. Quelques doutes subsistaient également concernant l'ordonnance de limitation de six ans, à savoir si elle serait acceptée par la Cour Suprême. Une cour d'appel avait déjà rendu une décision sur une ordonnance de trois ans pour l'évasion fiscale. Finalement, les risques étaient élevés pour que le jury soit soudoyés ou intimidé.

Lorsque la nouvelle de l'accord fut connue, la presse exprima son outrage quant au fait que Capone puisse s'en sortir aussi bien.

Capone était un homme heureux lorsqu'il se rendit en cour le 16 juin. Lorsqu'il plaida coupable, le juge Wilkerson ajourna la séance jusqu'au 30 juin. Capone dit à la presse qu'il analysait des offres des studios de cinémas afin de faire un film sur sa vie. Il était de fort bonne humeur lorsqu'il revint devant le juge pour recevoir sa sentence.

Le juge James Wilkerson
(Chicago Tribune)

Le juge Wilkerson avait cependant une surprise pour Al. «Les parties d'une cause criminelle ne peuvent stipuler sur le jugement qui sera rendu» dit fermement le juge. Il leur dit clairement que que même si il allait écouter attentivement les recommandations de Johnson, il n'était pas obligé d'y souscrire. «Il est temps que quelqu'un fasse comprendre à l'accusé qu'il est absolument impossible de négocier avec une cour fédérale.» Ce fut un choc pour Capone. L'accord était à l'eau et Al était inquiet. Il fut autorisé à retirer sa déclaration de culpabilité et un procès fut fixé pour le 6 octobre.

Capone passa son été en liberté dans son ancienne cachette de Lansing, au Michigan, apparemment résigné au procès. Cependant, les membres de sa bande avaient obtenu la liste de jurés potentiels et se mirent à les soudoyer de toutes les manières possibles.

Wilson eut vent des manoeuvres et, en compagnie de Johnson, en fit part au juge Wilkerson. Le juge n'était ni surpris, ni inquiet. «Préparez votre cause tel que prévu et laissez-moi m'occuper du reste.»

Capone avant son procès (Frères Brown)

Le 6 octobre 1931, quatorze détectives escortèrent Capone au palais de justice. Les mesures de sécurité étaient des plus serrées ; Capone fut conduit à la salle où le procès allait se dérouler par un tunnel puis un monte-charge.

Le tsar du crime portait un habit conservateur de serge bleue. Aucune bague ou bijoux voyants cette fois. Les journaux avaient envoyé leur meilleur journaliste, la crème de la crème du milieu journalistique. La question posée constamment à l'accusé était : «Êtes-vous inquiet ?»

«Inquiet ?» répondait avec un sourire Capone. «Qui ne le serait pas ?» Bergreen note qu'alors, Al démontrait une certaine confiance. Il croyait que son organisation s'était occupé du jury et que tout ce qu'il lui restait à faire était de se présenter en cour chaque jour, être poli et respectueux jusqu'à ce qu'il soit déclaré non coupable. À ce moment, il resterait magnanime et dirait à la presse qu'il n'en voulait pas aux gars du gouvernement puisqu'ils ne faisaient que leur boulot.

L'équipe du gouvernement était composée du procureur général Georges E. Q. Johnson, un homme grand portant des lunettes cerclées d'or, et des procureurs Samuel Clawson, Jacob Grossman, Dwight Green et William Froelich. Un journaliste fit la comparaison entre Johnson et Capone :« le visage aux traits gras de Capone, la boule de chair à l'arrière du cou est contrastante avec le visage mince du procureur, sa tignasse grise ainsi que son apparence sèche.»

Le juge Wilkerson fit son entrée. Il n'avait pas revêtu sa robe sur son habit sombre. «Le juge Edwards préside un procès commençant aujourd'hui» annonça-t-il. «Allez chercher le jury dans sa salle d'audience et amenez-lui le jury ici présent.» Tout le monde était surpris, mais pas autant que Capone et son avocat, Me Michael Ahern. Le nouveau jury, des hommes blancs provenant de la campagne pour la plupart, n'avaient jamais figuré sur la liste qu'avait en main Capone et n'avaient donc pu être soudoyés. Ces jurés allaient être séquestrés rendant impossible toute atteinte par l'organisation de Capone.

Le 17 octobre, Johnson fit le résumé des débats devant un jury composé d'hommes provenant d'un milieu rural, tout comme lui. À la suite de l'énoncé des faits, il se concentra sur Capone. «Je suis un peu surpris de la manière dont la défense a usé afin de créer l'illusion de mystère et de romance entourant cet homme. Qui est-il ? Qui est cet homme qui, durant les années prises en considération durant ce procès, a si largement dépensé, selon ses déclarations, près d'un demi million de dollars ?Est-il le petit garçon qui a trouvé l'or au pied de l'arc-en-ciel qu'il a dépensé sans compter, ou est-il, comme le prétend son avocat, Robin des Bois ? Est-ce Robin des Bois qui a acheté pour 8 000$ de boucles de ceinture ornées de diamants afin de les donner aux chômeurs ? Non. Était-ce Robin des Bois qui a payé une facture de viande au montant de 6 500$ ? Est-ce allé aux chômeurs ? Non, mais plutôt à la maison sur Palm Island. A-t-il acheté ces chandails à 27$ afin de les donner aux hommes tremblant de froid et dormant sous Wacker Drive la nuit ? Non.

L'accusé a-t-il, à quel que temps ou quelqu'endroit que ce soit, dirigé une affaire légale ? Y a-t-il eu quelqu'apparence de contact avec une telle entreprise ? Quel tableau avons-nous ici : aucun revenu mais des boucles de ceinture ornées de diamants, des chandails à vingt-sept dollars, des meubles pour sa maison, soit 116 000$ non déductible de ses revenus. Malgré tout, son avocat vient nous dire que cet homme n'a aucun revenu !»

Tard le samedi soir 17 octobre 1931, après neuf heures de délibérations, Capone fut déclaré coupable sous quelques uns des chefs d'accusation d'évasion fiscale. Le samedi suivant, le juge Wilkerson condamna Capone à onze ans de pénitentier, cinquante mille dollars d'amende et à payer 30 000$ en frais de cour. La caution lui fut refusée Capone fut transporté à la prison du comté de Cook en attendant son transfert au pénitentier fédéral.

«Capone tenta de sourire», rapporta le New york Times, «mais c'était un sourire amer. Il léchait ses grosses lèvre. Il se dandinait sur ses jambes. Sa langue tambourinait l'intérieur de ses joues. Il essayait d'être nonchalant mais ses mouvements trahissaient ses sentiments de colère. Il était sur le bord de piquer une sainte colère. Un dur coup venait d'être porté au chef d'un immense empire. Il tortillait ses doigts maladroits derrière son dos.»

Alors que Capone quittait le palais de justice, un officiel du fisc confisqua sa propriété afin que le gouvernement puisse récupérer ses taxes impayées. Capone perdit son calme et tenta d'attaquer l'agent mais fut retenu par les officiers qui en avait la garde.

Le gouvernement décida de ne pas poursuivre Capone pour les violations envers la Prohibition, dont les preuves avaient été amassées grâce à un long et ardu travail de la part de Ness et de ses agents. Ces dernières furent conservées afin de servir si Capone réussissait à se défaire de l'accusation d'évasion fiscale. L'appel logé fut refusé et, en mai 1932, les intouchables escortèrent Capone au train qui allait l'amener au pénitentier d'Atlanta.

L'appel de Capone
(Chicago Sun-Times)

Ness s'assura que les compartiments du train étaient sécuritaires et vérifia une dernière fois le prisonnier, qui avait retiré son manteau et allumé un cigare.

«Je suis en route pour faire onze ans», dit-il, regardant Ness. «Je dois le faire, c'est tout. Je n'en veut à personne. Certains sont chanceux. Je ne l'ai pas été. De toute façon, il y avait trop de chose en dehors de mon pouvoir, payer des droits et remplacer les camions et les brasseries. Ils devraient rendre cela légal.»

«Si c'était légal, tu ne voudrais pas y être associé» lui répondit Ness en s'éloignant, le voyant pour la dernière fois.


  CHAPTERS
1. "Made In America"

2. Enfance

3. L'Apprenti

4. Scarface

5. Chicago

6. Capone Prend la Tête

7. Le Pouvoir

8. Le Massacre de la St-Valentin

9. Ennemi Public #1

10. "Two Gun" Hart

11. Conclusion

12. Bibliographie

13. À Propos de l’Auteur
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COURT TV SHOWS
Murder by the Book
The Investigators
Forensic Files



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